Çatal Höyük (néolithique), civilisation matriarcale agricole urbaine et pacifique de la déesse-mère

Au cours de la dernière décade, les fouilles archéologiques effectuées sur le site de la “plus ancienne ville de l’histoire” [U. Bahadir Alkim], Çatal Hüyük en Anatolie (Turquie), ont établi un lien entre la mythologie et l’histoire. Car là-bas, où la suprématie de la Grande Déesse était indéniable, la seule créature qui partageait ses sanctuaires et ses temples était le taureau sacré. “Elle était la Divinité, et cohabitait avec le taureau sacré du continent perdu de Platon” [Lewis Spence].

Autour des années 7000 av J.-C., les traces du culte de la déesse mère Anatolienne appelée aussi grosse déesse de la fertilité, apparaissent dans les sites de Çatal- hüyük, Hacilar dont les résultats des fouilles ont été conservés au Musée d’Ankara. C’est à Hacilar qu’ont été trouvés les premières maisons sur fondation de pierre et Çatal- hüyük est le plus grand site néolithique du Proche-Orient. Les maisons étaient serrées les unes contre les autres, sans rues, ni passages, seulement accessibles par des échelles en bois.

Avant le monothéisme masculin d’Israël

« Les représentations féminines vont très vite se multiplier dans tout le Néolithique au Proche-Orient… Fresques peintes et hauts-reliefs s’ajoutent aux statues. Cette « femme » est véritablement une déesse : elle domine… Elle est la maîtresse de la vie et de la mort… »

« Sur une statuette célèbre de Çatal Höyük, la déesse, obèse, enfante, assise sur des panthères qui lui servent de trône… Ainsi convergent donc les idées de fécondité, de maternité, de royauté et de maîtrise des fauves. Ce sont bien là tous les traits de la Déesse mère qui dominera le panthéon oriental jusqu’au monothéisme masculin d’Israël. » – Jacques Cauvin, Naissance des divinités, naissance de l’agriculture, CNRS Éditions (page 51).

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Archéoastronomie de la Déesse-Mère – la Tradition Primordiale du matriarcat

Les Hatti, un peuple agricole pacifique

Les Hattis sont un peuple disparu, ayant habité l’Anatolie. Il faut les distinguer du peuple hittite (envahisseurs patriarcaux aryens), peuple contemporain qui a soumis le peuple hatti. Plus tard, les Indo-Européens et les Sémites entrèrent en contact avec les Hattis dont ils adoptèrent en partie les croyances.

Les premières villes, et la conquête patriarcale

Ces sociétés, de nature pacifique, furent les premières à développer l’agriculture et à se sédentariser pour former les premiers bourgs, les premières cités d’au moins – 10 000, et dont l’archéologie à retrouvé les traces -dont çatal Huyuk est l’exemple le plus connu- dans toute l’Europe méridionale, de la péninsule ibérique aux Balkans et en Afrique du nord. C’est ce que plusieurs archéologues ont pu mettre en évidence à la suite de Marija Gimbutas. Les civilisations méditerranéennes dites des « hypogées » relèvent également de ce type de société. Toutes furent détruites par le saccage et la violence vers -3 500. Des traces d’incendies et de violences diverses ont pu être mises en évidence par les fouilles. Des isolats ont ensuite perduré jusqu’à nous dans plusieurs régions du monde.

Une civilisation commerçante raffinée

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L’agglomération de Çatal Höyük située dans la plaine de Konya, en Anatolie centrale (Turquie), sur les bords de la rivière Çarşamba, est l’un des plus grands sites du Néolithique du Proche-Orient. Il fut fondé vers 7000 avant J.-C. et devint un centre important seulement entre -6500 et -5700. À son apogée, l’agglomération couvrait 13 hectares. Elle était prospère et devait compter un millier de familles, soit une population d’à peu près 5 000 personnes, ce qui était considérable à l’époque. La ville avait une organisation et une culture élaborée, entretenant un commerce de longues distances et un artisanat de qualité. Elle contenait des sanctuaires avec des peintures murales, des figurines et des sépultures, avec une vie religieuse complexe.

Religion des Hattis : la Déesse et ses animaux totémiques

Reconstitution de peintures murales de Catal Huyuk, des femmes aux formes généreusesLes Hattis adoraient la grosse déesse de la fertilité (Wurushemu) ainsi que le dieu-taureau de la nature (Taru). Comme les Dravidiens (civilisations de l’Hindus), adorateurs des vautours, des lions et des serpents, ils vénéraient ces animaux totémiques comme compagnons de la grande déesse. Celle-ci devint alors la divinité de la vie (fertilité) et de la mort (bêtes sauvages). Les peintures murales suggèrent un culte de la fertilité, avec les déesses souvent enceintes ou parturientes (femme accouchant), accompagnées de léopards et de taureaux symbolisant les dieux. Les reliefs pouvaient aussi représenter des seins de femmes.

Lire La civilisation matriarcale dravidienne de l’Indus : un paradis pacifique urbain détruit par les aryens

La mère de la nature sauvage

maison_catal_huyukLes murs de certaines maisons sont recouverts de peinture avec des scènes de chasse, des taureaux, des cerfs, des béliers, des vautours et des hommes sans tête, parfois des motifs géométriques ; sur les parois sont modelés en relief des personnages féminins ou des animaux et sur les murets délimitant les banquettes, des bucranes (motif en forme de crâne de buffle) en argile pourvus de vraies cornes.

Religion des Halafiens, un culte totémique

Les Halafiens (Anatolie, Turquie actuelle) adoraient la grosse déesse de la fertilité. Leurs vases funéraires portaient des représentations de déesses, de bucranes, d’oiseaux, de panthères et de serpents (les mêmes divinités que les Hattis). La colombe devait être le symbole de la déesse-oiseau (les grecs adopteront plus tard cet animal comme représentant de la déesse Aphrodite). Le dieu-taureau était également adorécar des amulettes en formes de bucranes on été retrouvées. D’autres amulettes représentaient une double hache, symbole que les pélasges crétois (minoens) et les amazones (peuples des steppes d’Anatolie) connaîtront également.

Hacilar, la première civilisation agricole

Site néolithique d’Anatolie où l’on a découvert les plus anciennes traces d’une activité agricole (7040 av. J.-C.). Les maisons contenaient d’importantes quantités de nourriture, du blé, d’orge, de lentilles. Les restes alimentaires comprenaient des os de chèvres, de moutons et de bétail à cornes. Ses habitants ne connaissaient pas la céramique : ils utilisaient des récipients en bois ou en pierre.