Sexualité : les clivages entre matriarcat et patriarcat – répression, liberté et inceste

Dans les sociétés patriarcales

Origine de la répression sexuelle

Seul le mariage, et l’interdiction du sexe hors mariage, permettent de garantir à l’homme une descendance directe par sa semence, à travers le ventre de son épouse (mère porteuse), et à l’enfant un père. Les enfants sans père sont souvent avortés, assassinés, abandonnés ou esclavagés. Le sexe hors mariage engendre des enfants sans pères, et donc détruit le patriarcat. La sexualité hors mariage est un retour potentiel vers une société matriarcale. Dans toute société patriarcale traditionnelle, la sexualité hors mariage est donc strictement interdite. La répression de la sexualité hors mariage (fornication & adultère) est le seul moyen de garantir la filiation par le père. La chasteté des hommes importe moins, puisque ce ne sont pas eux qui portent les enfants illégitimes (pas vu pas pris). Dans la pratique, ce sont donc surtout les femmes qui sont punies pour adultère ou fornication. Les hommes restent en général impunis.

Cette répression sexuelle est assurée par une police des mœurs, dont voici quelques exemples : voile de pudeur, pour empêcher la séduction (islam, hindouisme, perses, assyriens, greco-romains…), condamnation au fouet pour la fornication, et à la lapidation pour l’adultère, ceinture de chasteté (Europe médiévale jusqu’à la fin du XIXe siècle)…

L’origine du voile islamique

Les historiens pensent que c’est en fait l’empereur Perse Cyrus le Grand qui, dix siècles avant l’Islam, a établi la coutume de couvrir les femmes afin de protéger leur chasteté. D’après cette théorie, le voile est ainsi passé des Achéménides aux Séleucides. Ceux-ci l’ont, à leur tour, transmis aux Byzantins d’où les conquérants arabes l’ont adopté, le répandant à travers le monde arabe. Cela dit, le voile est omniprésent dans le monde méditerranéen : les femmes grecques mariées se doivent de porter un voile sur leurs cheveux, la Bible impose la même obligation aux épouses légitimes. La chevelure visible est le signe des prostituées (cf Marie-Madeleine lavant avec ses cheveux, instrument de son péché et de sa rédemption, les pieds du Christ).

Le culte de la chasteté a été remis en cause par Jésus puisqu’il abordait librement les femmes, fréquentait les  »filles de mauvaise vie », et a sauvé une femme de la lapidation. De plus, Jésus n’a jamais prononcé de paroles formelles à l’encontre de la sexualité, et lorsqu’il a été tenté par Satan, jamais celui-ci ne lui a proposé le « péché de chair ».

Culte de la virginité

La virginité est le scellé qui garantit la paternité de l’enfant à venir. Son culte se traduit diversement, suivant les époques et les lieux, par la surveillance des jeunes filles, la séquestration des femmes (couvent, cloitre, harem, gynécée…), l’obturation chirurgicale de la vulve pour garantir la virginité au mariage, l’excision pour supprimer le désir des femmes…

Vérification de la virginité chez les gitans

Dans la famille patriarcale, seule la sexualité entre les parents est autorisée. Les enfants sont privés de sexualité, et ne peuvent faire venir leurs partenaires à la maison, ce qui engendre jalousie et conflits inter-générations, et finalement, l’abandon des parents par les enfants.

Dans les sociétés matriarcales

Liberté sexuelle : sexe sans mariage et homosexualité

Puisque l’enfant est élevé par son oncle maternel, l’identité du géniteur n’a aucune importance, le mariage (contrat de fidélité) n’existe donc pas. Ce système permet une très grande liberté sexuelle, abondante et gratuite. Le marché du sexe n’existe pas (prostitution), ni le viol… Pourquoi prendre de force ce que l’on peut avoir dans la douceur et le consentement ? La chasteté monogamique n’est point une vertu. La femme est au contraire honorée d’après le nombre de ses amants, qui se succèdent à jours fixes, ou qui cohabitent avec elle pendant une révolution lunaire. C’était l’usage aux îles Canaries (berbères guanches). Les amants d’une même femme, comme les sauvages du Venezuela (indiens Yanomanis), vivent en parfaite intelligence et sans connaître la jalousie. Cette passion apparaît tardivement dans l’espèce humaine. ==> Voir la vie sexuelle paradisiaque des Trobriandais

La sexualité n’étant pas répressive, l’homosexualité n’est pas réprimée dans ce type de société. Les individus moins dotés physiquement pour les activités requérant une force physique certaine comme la chasse au gros gibier restent dans la société des femmes et considérés comme telles. Les individus dotés par la nature d’une force supérieure à la norme chez les femmes peuvent inversement être cooptés par les chasseurs. Exemple : la société amérindienne iroquoise.

Le tabou de l’inceste

Malgré les nombreuses mythologies antiques où les frères semblent épouser leur sœur (en réalité des sociétés matriarcales où le frère élève les enfants de sa soeur sans en être le géniteur), et les fils leur mère, l’ethnologie n’a jamais pu observer de peuplades, aussi primitives fussent-elles, où l’inceste soit pratiquée. Dans le matriarcat, l’inceste entre frères et soeurs est puni de mort (voir les Moso du Sichuan). Toute sexualité, ou évocation du sexe, est interdite entre membres d’une même maison (famille/totem), considérés comme frères et sœurs ou parents.

L’instinct naturel exogamique

Dans les sociétés patriarcales traditionnelles, où le mariage est arrangé avant même la naissance des époux, il arrive que ces derniers soient élevés ensemble durant toute leur enfance. Arrivés à l’âge du mariage, il est fréquent qu’ils refusent cette union. Puisque vivant ensemble depuis toujours, ils se sentent instinctivement comme frère et sœur. La nature humaine est exogamique. D’instinct, le désir sexuel entre 2 membres d’un même foyer est contre-nature, et est une forme d’inceste. Le mariage est un inceste légalisé.

La vie conjugale, ou l’endogamie incestueuse

Par ailleurs, l’inceste père-fille est un fléau qui ravage les sociétés patriarcales. En effet, la sexualité étant permise entre les mariés, membres d’une même maisonnée (mariage), cette permissivité sexuelle a tendance à s’étendre aux autres membres de la maisonnée : les enfants. De plus, il est bien plus facile d’avoir des relations sexuelles avec un membre de sa maisonnée, qu’avec un membre extérieur, ce qui nécessite alors de braver l’interdit de l’adultère, et ce moyennant finance (hôtel, prostitution, consommations de séduction…).

Une norme sociale

Le terme d’« inceste » n’était explicitement mentionné, jusqu’en 2010, dans aucun des deux principaux codes (pénal et civil) du droit français, ayant disparu du code pénal après la révolution de 1789. La loi lui a substitué la reconnaissance, comme circonstance aggravante, du fait qu’une agression sexuelle, une atteinte sexuelle ou un viol sur un mineur, soit commis par un parent ou tuteur (« ascendant légitime naturel ou adoptif ou toute personne ayant autorité sur la victime »), l’inceste étant ainsi pris en compte de façon spécifique, au-delà du seul cas de la contrainte qui servait auparavant à punir celui-ci.

Pour préserver l’héritage individuel dans les familles

La nature fait bien les choses, notre instinct nous attire par ce qui nous ressemble le moins, afin d’éviter au maximum la consanguinité génétique (exemple : les bruns aiment les blondes, et vice versa). Le patriarcat engendre bien plus de consanguinité, et donc de maladies génétiques, puisque pour garder la propriété dans la famille (héritage de la propriété individuelle), les mariages entre cousins, ou entre oncles et nièces, sont favorisés. Exemple : chez les aristocrates, au Maghreb (40% des couples), au Pakistan (75% des mariages) ou chez les gens du voyage… Hors chez les matriarcaux, plus l’amant vient de loin, et plus le prestige de la femme est grand.

Lire les articles :