Définition du Patriarcat : une société fondée sur la reconnaissance de paternité et le droit du père

Le patriarcat (« droit paternel », ou « ordre social paternel », et non pas « pouvoir aux hommes ») est un modèle de société structuré sur la filiation paternelle, et où l’autorité parentale légale est exclusivement paternelle : la mère n’a aucun droits sur l’enfant. Le père et non la mère détient la propriété, c’est à dire le pouvoir réel : sur l’enfant, la maison, la terre, les richesses… « L’enfant appartient au père comme le propriétaire de la vache devient propriétaire du veau ». – lois de Manou, Védas aryens.

Triangle patriarcalOrganisation familiale ou sociale basée sur l’autorité du père

Le patriarcat est un système social dans lequel l’homme, en tant que père, est dépositaire de l’autorité au sein de la famille ou, plus largement, au sein du clan. La perpétuation de cette autorité est fondée sur la descendance par les mâles, la transmission du patronyme et la discrimination sexuelle. Les femmes sont subordonnées à l’homme qui possède l’autorité : le père, le mari ou à défaut le frère.

L’ordre fondé sur la paternité

Ce schéma expose la mécanique sociologique de la structure patriarcale, et ses dérives qui la caractérisent.

Le patriarcat découle du patriciat, la caste noble des patriciens, l’élite de la Rome antique : Lire Qui sont les matriciens ? La plèbe sans père de Rome

Du latin pater, le père et non l’homme, le patriarcat est donc « l’ordre fondé sur la paternité », un modèle de société fondé sur la filiation paternelle. Le pouvoir familial paternel (patria potestas) est garanti par la filiation paternelle, qui nécessite la reconnaissance de paternité, garantie par le contrat de mariage : culte de la virginité, fidélité, interdit du sexe hors mariage, répression sexuelle, police des mœurs, soumission des femmes, prostitution, complexe d’Oedipe, névroses, fanatisme…

La répression sexuelle, garant de la paternité

Pour lever toute ambiguité sur la définition de la parenté patriarcale, il est préférable parler de « commandement aux géniteurs » plutôt que de « commandement aux pères ». Le seul moyen qui est en mesure de répondre à cette considération est celui du contrôle de la sexualité. C’est en gardant un contrôle sur la sexualité que l’on peut connaitre de façon certaine qui est le géniteur. Par conséquent, tout système familial qui n’est pas fondé sur un contrat mutuel de fidélité, et sur un impératif préalable de virginité (en particulier pour la femme) n’est pas en mesure de répondre à la nécessité de reconnaissance du géniteur. Dès lors, quand il n’y a plus de contrôle de la sexualité, on ne parlera plus de patriarcat, puisque celui-ci repose sur l’authentification du géniteur. Pour saisir ce qui distingue véritablement le patriarcat du matriarcat, lire Comparaison matriarcat / patriarcat.

La virginité, scellé garant de la paternité

On ne peut être sûr du père que lorsqu’on restreint la sexualité féminine au cadre du mariage et quand la mariée est vierge avant. La virginité qui est associée à une symbolique de pureté ou qui est justifiée par un argument théologique (discours sur dieu), n’est autre qu’un impératif permettant de garantir la paternité. Lire L’hymen, un mythe patriarcal.

Quand le sexe est libre

Dans la société occidentale du XXIe siècle, l’adultère n’est pas puni et la virginité n’est plus un impératif, il est donc délicat de parler d’un véritable patriarcat, puisque le père (social) de l’enfant peut ne pas être le géniteur. Pour en savoir davantage sur le modèle familial de notre société moderne, lire Une famille moderne ?

Une composante de l’analyse marxiste orthodoxe de l’évolution des sociétés

Pour une partie de l’anthropologie évolutionniste du XIXe siècle, le patriarcat aurait historiquement succédé à une période de domination des femmes, désignée sous le terme de matriarcat. Dans l’entre-deux-guerres, le terme fut employé en Allemagne par les féministes proches du mouvement völkisch afin de mettre en avant la thèse antisémite d’un « complot judéo-patriarcal ».

La thèse d’une prépondérance de la femme dans le cadre de la famille et de la société dans les premières sociétés humaines est développée au XIXe siècle par l’anthropologue Lewis Henry Morgan (1818-1881). Reprise et popularisée par Friedrich Engels (1822-1895) dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, elle devient une composante de l’analyse marxiste orthodoxe de l’évolution des sociétés. Selon l’archéologue Marija Gimbutas, cette thèse est validée par la prolifération de représentations artistiques de corps de femmes, sous forme de statues, et témoins de la pré-éminence du culte de la Déesse-mère, et reflète inévitablement la représentation des rôles entre genres dans la société. L’hypothèse de la naissance du système patriarcal en concomitance avec la domestication du cheval chez les populations indo-européennes des Kourganes a été avancée par Marija Gimbutas.

Le patriarcat n’existe pas ?

Si le matriarcat n’existe pas dans le sens de « domination des femmes », alors le patriarcat n’existe pas non plus dans le sens « domination des hommes ». En effet, quelle domination des hommes sur les femmes quand ceux-ci sont dominés par des femmes de pouvoir telles que Catherine de Médicis, la reine Victoria de l’empire britannique, ou la « dame de fer » Margaret Thatcher, des femmes dirigeantes de sociétés pourtant bien patriarcales ? Quelle suprématie des hommes quand ceux-ci sont forcés de mourir au front lorsqu’ils sont appelés pour la guerre, pendant que leurs épouses restent bien au chaud au foyer ? Quelle domination mâle quand les hommes sont interdits de sexualité hors mariage, ne peuvent aimer librement celles qui les aiment, et quand les enfants conçus hors mariage sont exclus, abandonnés, esclavagés ou tués, qu’ils soient filles ou garçons ? Les termes matriarcat et patriarcat n’ont jamais désigné la domination d’un sexe sur l’autre, mais un ordre social fondé sur l’autorité et la filiation maternelles ou paternelles. Il s’agit là d’une supercherie du néo-féminisme de la « théorie du genre ».